CHAPITRE V

Ces foutus Lézards recommençaient à en installer.

Le contre-amiral James Howell grinça des dents en voyant le cargo rishathan foncer sur lui à cinq cents kilomètres par art seconde. Les Rishatha étaient physiologiquement incapables d’utiliser des synths et encore moins des connexions cybersynth et le prenaient très mal. Raison pour laquelle ils persistaient à surcompenser en prouvant à l’humanité leur panache… et aussi pour quoi il avait toujours rencontré ses contacts rishathans au-delà de la limite de Powell de tout système planétaire. Leurs propulseurs leur permettaient sans doute de s’approcher plus près d’une planète que ceux de l’humanité sans risquer la déstabilisation… mais pas tant que ça, et perdre sa propulsion au cours d’une telle manœuvre risquait d’entraîner de fort désagréables conséquences.

Cinq cents km/s n’est sans doute pas une vélocité extraordinaire, même à l’intérieur d’un système planétaire, mais le gros cargo se trouvait à peine à quinze mille kilomètres, déjà visible sur l’écran en dépit de l’obstination avec laquelle Howell refusait de le regarder, et les alarmes de proximité se mirent à bourdonner. Il se contraignit à rester assis malgré leur ululement lancinant et soupira, sans rien montrer de son soulagement, en voyant le capitaine rishathan faire basculer son vaisseau à cent quatre-vingts degrés pour présenter sa proue à son propre bâtiment. La flamme de la propulsion Fasset (que les Rishatha baptisaient, bien entendu, d’un nom imprononçable) n’était pas dans le collimateur de ses détecteurs gravifiques, même si son trou noir apprivoisé était braqué diamétralement à l’opposé. Le vaisseau ralentit brutalement, puis se laissa déporter vers une jonction presque parfaite en un peu moins de cinquante-sept secondes. Sidérant ce que peut accomplir une décélération de neuf cents g !

Les fusées de manœuvre et de position s’allumèrent en même temps que s’éteignait la propulsion Fasset, repoussant doucement le cargo le long du cuirassé d’Howell, qui sourit, en proie à un amusement familier et teinté de sarcasme. L’humanité – la gent Rish, en l’occurrence – pouvait sans doute dépasser la vitesse de la lumière, créer des trous noirs dociles et transmettre en un clin d’œil des messages à des dizaines d’années-lumière, mais elle avait encore besoin, pour ce dernier stade délicat, des fusées que le mythique Armstrong avait probablement (du moins en principe) connues mille ans plus tôt. Grotesque… sauf qu’on se servait encore aussi de la roue.

Il chassa cette pensée quand, à son commandement, les tracteurs du cargo se verrouillèrent à son vaisseau, tandis que son nez remontait à la hauteur de la soute numéro 10 et qu’un tube destiné au personnel s’allongeait jusqu’à son sas numéro 4. Il balaya sa passerelle du regard, nota les tenues civiles, confortables et hétéroclites, que portaient ses membres d’équipage et songea nostalgiquement à l’uniforme qu’il avait jeté au rebut en même temps que son existence passée. Les Lézards n’étaient guère portés sur les vêtements destinés à la seule protection, mais ils restaient accessibles à leur aspect décoratif, et leur goût en ce domaine était littéralement… inhumain. Pouvoir riposter à l’agression qui n’allait pas tarder, sans nul doute, à offenser ses nerfs optiques n’aurait pas été déplaisant.

Sa synthconnexion se mit à chuchoter, lui annonçant l’arrivée imminente d’un seul visiteur, et il ôta son casque d’écoute pour le glisser sous sa console, hors de vue. Ses officiers faisaient de même. Les Rish comprendraient sans doute que ce geste était destiné à éviter de monter en épingle l’aptitude des humains à établir des liens directs avec leur équipement, mais il est des courtoisies qu’il faut respecter. En outre, tout cacher serait encore la méthode la plus efficace pour attirer l’attention dessus… d’autant que son visiteur ne pouvait s’en offusquer qu’en perdant considérablement la face : Il espérait que Resdyrn commandait encore le cargo. Elle prenait toujours la faction sur la passerelle pour l’approche finale et il adorait sa façon de montrer les crocs lorsqu’il remettait en cause, sans mot dire, sa suprématie.

L’écoutille de la passerelle s’ouvrit en chuintant et Grande Mère de Guerre Resdyrn niha Turbach la franchit.

Elle était impressionnante, même pour une matriarche rishathane d’âge mûr. Avec ses deux mètres cinquante et ses trois cents et quelques kilos, elle dominait tous les humains de la passerelle mais paraissait presque trapue. Les fanons incroyablement bariolés de sa carapace l’enveloppaient d’un nuage diaphane, qui tombait en tourbillonnant de ses épaules et agressait l’œil comme un tire-en-ciel psychotique, mais sa face était peinte sobrement… pour une Rish. Son teint d’un vert bilieux convenait à sa persona provisoire de « négociante » et formait avec sa collerette crânienne écarlate un contraste fascinant ; et Howell se demanda pour la énième fois si les yeux des Rishatha voyaient dans le même spectre que ceux des humains.

« Mes respects, négociante Resdyrn », déclara Howell avant d’écouter le traducteur restituer ses paroles en un bas rishathan aux intonations couinantes ou ronflantes. Howell avait naguère connu un officier capable de s’exprimer en haut rishathan, mais ce même homme était aussi en mesure de reproduire le son exact d’une vieille scie sauteuse accrochant un clou à plusieurs milliers de tours/minute. Howell préférait s’en remettre à son traducteur.

« Mes respects, négociant Howell, bourdonna le micro du traducteur dans son oreille droite. Ainsi qu’à la mère de votre lignée.

— Ainsi qu’à la vôtre. » Howell conclut les salutations officielle par une révérence et s’émerveilla à nouveau de la légèreté avec laquelle cette silhouette massive la lui retourna. « Mes sœurs officiers vous attendent, poursuivit-il. Souhaitez-vous que nous les rejoignions ? »

Resdyrn inclina sa tête titanesque et tous deux pénétrèrent dans la salle de conférence qui donnait sur la passerelle. Une demi-douzaine d’humains se levèrent à leur entrée et les accueillirent d’une courbette, pendant que Resdyrn contournait la table pour aller s’asseoir à l’autre bout dans un fauteuil surdimensionné.

Howell s’installa à la tête de la table et la regarda glisser sa courte queue renflée par un orifice pratiqué dans le dossier de son fauteuil. En dépit de leur apparence de saurien et de leur carapace naturelle, les Rishatha n’avaient rien de reptiles. Ils étaient nettement plus proches d’un mammifère terrestre ovipare, bien que bâtis de manière passablement plus puissante. Du moins pour leurs femelles. Durant toute sa carrière, Howell n’avait aperçu que trois mâles rishathans, et tous étaient des avortons décavés. Désarmés et agités. Pas étonnant que les matriarches voient en « petit vieux » une insulte mortelle.

« Eh bien, négociante Howell… (l’ironie du titre honorifique franchit remarquablement bien l’interface du traducteur) j’imagine que vous êtes disposée à conclure notre transaction quant à ces marchandises qu’a commandées la mère de votre lignée ?

— Je le suis, négociante Resdyrn », répliqua-t-il sur le même ton sarcastique tout en faisant signe à Gregor Alexsov. Son chef d’état-major composa le code d’un coffre puis le fit glisser vers Resdyrn. La Rish en souleva le couvercle et dévoila ses canines supérieures en un sourire quasi humain lorsqu’elle aperçut une rançon royale en circuits moléculaires, un des domaines où la technologie humaine surpassait celle des Rish.

« Il ne s’agit que d’un échantillon, bien entendu, affirma Howell. On procède d’ores et déjà au transfert du reste à bord de votre vaisseau.

— La mère de ma lignée vous remercie par le truchement de la plus humble de ses filles », répondit Resdyrn, sans d’ailleurs qu’aucune humilité ne transparût dans sa voix, tout en retirant de la boîte le filament cristallin d’une algue. Elle le brandit au bout de ses longs doigts agiles aux phalanges trop nombreuses et l’examina au travers d’une loupe, puis poussa le son inquiétant correspondant à un gloussement rishathan en apercevant les logos de la Flotte impériale sur les processeurs du connecteur. Elle le reposa soigneusement dans sa niche, abaissa de nouveau le couvercle et referma dessus une épaisse patte protectrice. Le geste était parfait songea Howell. Ce seul coffre, long de moins d’un mètre, contenait assez de molycircs pour remplacer tout le réseau de commandes de son cargo, et, en dépit de sa nonchalance étudiée, Resdyrn en était parfaitement consciente.

« Nous avons de notre côté, bien entendu, apporté ce qui était convenu dans notre cargaison, affirma-t-elle au bout d’un moment, mais je crains que la mère de ma lignée n’adresse aussi à la mère de vos mères de bien tristes nouvelles. » Howell se redressa brusquement. « Ce sera notre dernière rencontre avant un certain temps, négociante Howell. »

Celui-ci ravala un juron muet avant qu’il n’affecte son expression et inclina poliment la tête. Resdyrn hérissa sa collerette crânienne en signe de compréhension et se toucha le front pour exprimer son chagrin.

« La consigne vient de notre ambassade sur la Vieille Terre. L’empereur lui-même… (le recours au pronom masculin était une insulte délibérée de la part d’une Rish ; qu’il fût employé à bon escient lui prêtait une certaine exquise saveur additionnelle) s’est pris d’intérêt pour ce secteur et y a dépêché sa mère de guerre Keita en personne.

— Je… n’en avais pas entendu parler, négociante Resdyrn. » Howell espérait que son désarroi ne transparaissait pas trop. Keita ! Seigneur, cela voulait-il dire qu’ils allaient avoir le Cadre sur les reins ? Il brûlait de poser la question mais n’osait pas faire si mauvaise figure.

« Nous ignorons quelle est la mission de Keita, reprit Resdyrn, prenant sa curiosité en pitié (ou exécutant plus vraisemblablement les ordres qu’elle avait reçus) ; mais nul signe n’indique que le Cadre a été mobilisé. La mère de ma lignée craint toutefois que ça ne se produise et doit donc rompre ses relations avec vous jusqu’à nouvel ordre, au moins jusqu’au départ de Keita. J’espère que vous comprendrez son raisonnement.

— Naturellement. » Howell inspira puis haussa les épaules en amplifiant volontairement ce geste pour que Resdyrn le remarque. « La mère de nos mères le comprendra aussi, mais j’ai la certitude qu’elle espérera cette rupture provisoire.

— Tout comme nous, négociante Howell. Nous autres de la Sphère, nous aspirons toutes à votre réussite, afin de pouvoir vous traiter en sœurs dans votre propre sphère.

— Merci, négociante Resdyrn. » Howell avait presque réussi à faire preuve de sincérité, bien que nul humain n’aurait pu oublier comment les Rishatha avaient poussé l’ancienne Fédération et la vieille Ligue terrienne à s’entre-égorger pour pouvoir ensuite ronger leurs ossements. Quatre siècles plus tard, les humains devaient encore par endroits (à Shallingsport par exemple) s’appuyer les conséquences tardives des guerres de la Ligue.

Fort heureusement, le suivi militaire des Rishatha s’était révélé moins heureux que leur prise de judo diplomatique. Ils avaient sans doute absorbé la majeure partie de la vieille Ligue pendant la première guerre humains-Rish, alors qu’une Fédération épuisée par le conflit se débattait dans les affres de la guerre civile. Mais leurs calculs n’avaient pas tenu compte de l’Empire qui, avec l’amiral de la Flotte Terrence Murphy, avait surgi par la suite des décombres de la Fédération ; Terrence Ier et la maison des Murphy avaient bouté les Lézards dehors et les avaient renvoyés dans leurs frontières d’avant-guerre au cours du second conflit humains-Rish.

« En ce cas… (Resdyrn se leva, mettant abruptement un terme à cette brève rencontre), je vais prendre congé. Je suis couverte de honte à l’idée d’avoir dû vous transmettre moi-même ce message. Puissent vos armes goûter à la victoire, négociante Howell.

— Ni mes sœurs officiers ni moi n’y voient aucune honte, négociante Resdyrn, mais bien plutôt la fidèle exécution du décret de votre mère de lignée.

— Votre bonté vous honore. » Resdyrn gratifia Howell d’une dernière gracieuse courbette puis se retira. Howell ne fit pas mine de l’accompagner. En dépit de sa façade de « négociante ». Resdyrn niha Turbach restait une grande mère de guerre de la Sphère rishathane, et laisser entendre qu’il ne pouvait la laisser sans garde à bord de son vaisseau risquait d’être regardé comme un camouflet intolérable à son honneur. En l’occurrence, ça ne manquait pas non plus de l’arranger. Imprévue ou pas, cette bribe d’information allait joliment saboter le boulot et il devait s’entretenir avec son personnel.

« Bordel, amiral ! s’exclama un des officiers. Qu’est-ce que je suis censé faire maintenant ?

— Change pas de main, Henry ! » répondit Howell, et la silhouette efflanquée et cadavérique de son bosco se rejeta ostensiblement en arrière dans son fauteuil.

« Pas de problème… pour l’instant. Mais, dans quelques mois, si notre principale source d’approvisionnement est coupée, on se retrouvera avec la peau sur les os.

— D’accord, mais Greg et moi savions que cela, ou quelque chose d’équivalent, risquait d’arriver. J’aurais préféré que ça se produise un peu plus tard, mais on a pris nos précautions.

— Oh ? fit le capitaine d’Amcourt. Pourquoi ne m’en avez-vous pas parlé ?

— Je vous en parle à présent, pas vrai ? Vous voulez bien le leur exposer, Greg ?

— Oui, amiral. » Alexsov se pencha légèrement en avant ; une lueur amusée bien atypique brillait dans ses yeux froids quand ils croisèrent le regard lugubre de d’Amcourt. « Nous avons établi un réseau de ravitaillement de substitution par Wyvern. Ce sera plus malaisé, parce que nos ordres d’achat devront être diffusés avec précaution, et qu’il était bien commode, d’autre part, de disposer dans notre réseau logistique du coupe-circuit des Rishatha, mais ça présente aussi quelques avantages. Et d’une, nous pourrions obtenir directement des pièces détachées convenables et un réapprovisionnement en missiles. Et nous avons déjà fourgué par Wyvern une bonne quantité d’articles de luxe. Je ne vois pas pour quelle raison nous ne pourrions pas leur revendre le reste du butin. Eux n’y verront sûrement pas d’objections. »

Il haussa les épaules et, çà et là, quelques têtes opinèrent. La plupart des mondes dissidents étaient assez respectables (tout du moins selon leurs propres critères), mais le gouvernement de Wyvern était sous la coupe de descendants des capitaines et propriétaires de l’une des dernières flottilles des guerres de la Ligue ayant obtenu son « certificat de légitimité ». Il vendait et achetait tout et n’importe quoi sans poser de questions, et n’était guère plus regardant quant à ses courtages. Nombre de mondes dissidents déploraient sans doute son existence, mais Wyvern n’en restait pas moins pour la plupart d’entre eux une interface trop utile (et bien armée) pour qu’ils entreprissent une action drastique. Ce qui, dans la mesure où l’Empire avait tout à la fois le pouvoir et la dilection de cingler les doigts de ceux qui l’irritaient, assurait à la fine fleur des requins de la finance de Wyvern un intérêt immédiat dans tout ce qui pouvait déstabiliser l’encore fragile équilibre du secteur franconien.

« Quant à notre autre soutien… (Alexsov s’interrompit, se gardant bien, même ici, de mentionner des noms ou des lieux) ça ne devrait pas poser de problèmes. À moins, bien sûr, que la présence de Keita ne signifie que le Cadre envisage de fourrer le nez là-dedans.

— Précisément, et c’est bien ce qui m’inquiète le plus », convint Howell. Il jeta un coup d’œil vers le frêle capitaine de frégate assis à la droite d’Alexsov : mince et le teint foncé, Rachel Shu, l’officier des renseignements d’Howell, était la seule femme de son équipe… et la plus dangereuse de tous. Elle venait de hausser les épaules.

« Ça m’inquiète tout autant, amiral. Mes informateurs ne m’ont rien dit de ce qui avait provoqué la venue de Keita, de sorte que mes gens n’ont aucune idée de ce qu’il projette. À première vue, j’aurais tendance à dire que les Rishatha ont dramatisé. Elles n’osent pas se mettre l’Empire à dos en risquant de se faire prendre la main dans le sac à tremper dans une telle affaire, et elles n’ont pas oublié ce que Keita et le Cadre leur ont infligé après celle de Louvain, si bien qu’elles rentrent les cornes et se préparent à rejeter toute responsabilité. Mais, si le Cadre était impliqué de façon significative, je ne pense pas que mes sources en auraient raté les signes avant-coureurs.

— Alors, que diable Keita fabrique-t-il ici ? N’était-il pas aussi son épée à Louvain ?

— Si fait, mais le Cadre est trop étriqué pour que Keita ait levé une force importante sans que mes gens le remarquent. En outre, mes derniers rapports le situent dans le secteur macédonien et non sur la Vieille Terre, de sorte que ça ressemble plutôt à une improvisation dans le feu de l’action, sans compter que, chronologiquement, la coïncidence suggère une réaction à ce qui s’est produit sur le monde de Mathison. Il se trouvait juste à côté et on l’a fait venir de toute urgence… mais on ne l’a pas dépêché de la capitale. Je le soupçonne d’avoir été envoyé en mission spéciale par la comtesse Miller, pour collecter des informations. Elle a toujours préféré passer d’abord par les Renseignements du Cadre pour croiser ensuite ses informations avec celles de l’O, et Keita, sur le terrain, a inéluctablement la main plus heureuse que les crétins de l’état-major. Sinon, c’est lui qui aurait les étoiles de général et Arbatov serait son intendance.

— Ce qui signifie que nous pourrions voir le Cadre dès maintenant, fit remarquer Rendleman.

— Peu probable, répondit Shu. Notre structure de soutien est très bien cachée et très dispersée, et le Cadre est un outil de précision destiné à des cibles pointues. De fait, je dirais que le ministère la Justice est plus dangereux que la Flotte ou le Cadre, puisque c’est la facette clandestine de toute cette entreprise qui risque de conduire les deux autres jusqu’à nous, et que la Justice est mieux équipée pour nous atteindre sous cet angle. Pour ce qui concerne le Cadre, je ne commencerai à m’inquiéter que quand nous assisterons à un transfert important de ses effectifs dans ce secteur ou un secteur voisin. En attendant, Keita ne sera jamais qu’un barbouze de plus. Doué, sans doute, mais pas davantage.

— Je crois que vous avez raison, Rachel », déclara Howell. En tout cas, il l’espérait assurément. « Nous agirons désormais sur cette hase, mais je tiens à ce que vous vérifiiez auprès de Contrôle dès que possible.

— Oui, monsieur. Le prochain courrier de renseignements arrivera dans cinq jours environ. Il nous en apporte peut-être être la confirmation ; si ce n’est pas le cas, j’enverrai une requête par le même bâtiment.

— Très bien. » Howell joua un instant avec un stylet puis tourna le regard vers Alexsov. « Y a-t-il un autre sujet que nous devrions aborder pendant que nous sommes tous réunis, Greg ? » Alexsov secoua la tête. « En ce cas, je crois qu’Henry et vous devriez faire un saut à Wyvern pour activer un peu les choses sur place. N’emportez rien d’incriminant – nous avons la trésorerie nécessaire pour régler les premières commandes en liquide – mais tâchez de sonder les autochtones sur de futures ouvertures commerciales.

— Ça marche, déclara Alexsov. Quand peux-tu partir, Henry ?

— Hmmm… dans une petite paire d’heures, je crois.

— Parfait, lâcha Howell. Parce que, si je ne m’abuse – ou à moins que Keita ne nous fasse des problèmes –, nous devrions recevoir l’ordre d’attaquer notre cible suivante par le courrier de Rachel. Je tiens à ce que vous soyez rentrés pour les prochains carnages, Greg.

— En ce cas, je ferais bien d’aller faire mes bagages. » Alexsov se leva, signal pour tout le monde de la fin de la réunion, et Howell regarda ses subordonnés sortir à la queue leu leu de la salle de conférence. Il se dirigea vers le petit dispositif de visualisation installé dans un angle et resta planté devant à contempler avec morosité l’hologramme de l’étoile et de son cortège de planètes mortes et stériles. Rachel avait certainement raison, se persuada-t-il. Si Keita était réellement le fer de lance d’une intervention du Cadre, il aurait au moins amené avec lui une équipe d’agents du Renseignement. D’un autre côté, Keita était à lui seul un foutu fer de lance ; la hampe de l’arme pourrait toujours être transférée ultérieurement sur place, et ça risquait de leur compliquer effroyablement la vie.

Il tendit la main, la referma en coupe sur la minuscule étincelle argentée de son vaisseau amiral et soupira. Des problèmes, toujours des problèmes ! L’existence d’un flibustier lui avait paru bien plus facile – et tellement plus lucrative – qu’une carrière dans la Flotte, et son objectif principal totalement excitant. Certes, la perspective de devenir un boucher, un voleur et un traitre à son uniforme l’avait légèrement fait hésiter, mais les contreparties étaient assurément grandioses… pourvu qu’on vive assez longtemps pour en profiter.

Il relâcha son vaisseau en poussant un plus gros soupir, croisa les mains derrière le dos et scruta pensivement le sas de la salle de conférence.

Comment diable l’enseigne de vaisseau James Howell de la flotte impériale, promotion 28, s’était-il retrouvé ici ? s’interrogea-t-il silencieusement.

La voie des furies
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